Pour le FMI, l’Afrique est mal préparée à la montée des tensions économiques à l’échelle mondiale
Estimant que « l’économie mondiale entre dans une période d’incertitudes politiques inhabituellement élevées », l’institution financière internationale a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour l’Afrique subsaharienne, comme l’avait fait la Banque mondiale il y a une semaine.
Les vents sont encore favorables en Afrique subsaharienne, si l’on en croit les Perspectives économiques publiées le 11 octobre par le Fonds monétaire international. La croissance moyenne, de 2,7 % en 2017, devrait progresser de 3,1 % cette année et peut-être de 4 % en 2019 sous l’effet des rééquilibrages budgétaires, de la hausse des prix des matières premières, de la demande des économies avancées et de la Chine, et enfin des taux d’intérêt toujours peu élevés.
Pourtant le Fonds s’inquiète. Par rapport à ses prévisions d’avril, il a abaissé de 0,3 point la croissance moyenne prévue pour les 45 pays étudiés, parce que « l’économie mondiale entre dans une période d’incertitudes politiques inhabituellement élevées ». Le ralentissement en cours dans les pays avancés pourraient être aggravé par les tensions commerciales provoquées par les États-Unis ; les prix des matières premières pourraient évoluer de façon désordonnée.
Le rapport souligne que l’Afrique subsaharienne est mal préparée à la montée de ces risques. La mobilisation des ressources domestiques par l’impôt ou par l’épargne y demeure trop faible pour qu’elle y trouve les moyens de son développement pour lui éviter de s’endetter dangereusement.
Persistance des créances douteuses
La remontée des cours du pétrole a donné lieu à une réapparition des subventions aux carburants. Les arriérés de paiement des États à l’égard de leurs fournisseurs ou créanciers n’ont pas été soldés et cela a fragilisé les banques handicapés par la persistance de créances douteuses. La moitié des pays n’ont pas profité de la période faste des années 2000 pour constituer des réserves capables d’amortir les chocs économiques et financiers venus de l’extérieur.
Faute d’une accélération des réformes et malgré les promesses des technologies numériques, le Fonds doute que l’Afrique subsaharienne soit en mesure de créer les 20 millions d’emplois dont elle a besoin chaque année pendant vingt ans pour absorber une main d’œuvre en croissance rapide.
Éthiopie, Côte d’Ivoire et Rwanda sur le podium des plus fortes croissances
Les dix taux de croissance les plus élevés en 2018 sont réalisés le plus souvent par des pays non pétroliers. Numéro 1 depuis plus d’une décennie, l’Éthiopie continue à caracoler en tête avec un taux de 7,5 %. Elle est talonnée par la Côte d’Ivoire (7,4 %), le Rwanda (7,2 %) et le Sénégal (7 %). Suivent le Ghana (6,3 %), le Bénin et le Kenya (6 %), le Burkina Faso (5,9 %), la Guinée et la Tanzanie (5,8 %). On notera que ces champions se répartissent à parts à peu près égales entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est.
Les dix taux de croissance les plus médiocres ont des causes diverses, mais la mauvaise tenue passée des cours des hydrocarbures et les conflits y ont largement contribué. Trois pays sont en récession : la Guinée équatoriale (- 7,7 %), le Soudan du Sud (- 3,2 %) et l’Angola (- 0,1 %). Sept autres montrent peu de dynamisme : le Burundi (0,1 %), l’Afrique du Sud (0,8 %), la Namibie (1,1 %), le Swaziland (1,3 %), le Nigeria (1,9 %), le Gabon et la République du Congo (2 %). Il est évident qu’avec le poids que représentent les économies de l’Afrique du Sud et du Nigeria, la faiblesse de celles-ci plombe les performances de la région.